Memorandombres...
Il est quatorze heures trente et il devrait y avoir de la lumière.
Au lieu de cela il y a cette lampe allumée sur la table de nuit
et dans cet appartement habituellement clair, des zones d'obscurité qui ont pris leurs aises.
Dans le coin du canapé, au-dessus de
l’accoudoir. Entre la commode et le valet de monsieur, à l’angle de la
bibliothèque et de la porte du salon. Et là encore, derrière les enceintes de la hi-fi.
Des voiles d'un gris un peu sale, comme de la fumée de cigarette ou des toiles
d’araignée.
Il est quinze heures et le clocher de l’église sonne quinze.
Alors on s’approche du coin du canapé, de la commode et du valet de monsieur. On
s’avance vers l’angle de la bibliothèque. On affronte l’entrée du salon et on
voit que l'ampoule électrique écarte bien les zones de gris. Comme la lampe de
chevet et son abat-jour à nid d'abeilles. Comme la télévision allumée.
Mais l'ampoule électrique s’éteint, comme la lampe de chevet. Comme l'écran de
télévision.
Il est quinze heures trente et la lumière qui sourd par la fenêtre est
couleur de toile d’araignée. Couleur de fumée. Les lampes sont toujours
allumées, ici, là, et là aussi. Comme les promesses d'un futur incertain.
Il est quinze heures trente et le clocher de l’église sonne et je ne compte plus.
Les ombres s’allongent et s’étirent sur les murs. Prennent leurs aises. S’installent.
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Il est vingt heures. Il devrait y avoir de la lumière.
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