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Mes mots random...
19 décembre 2008

Crues

Les méandres du désir sont mystérieux.

Un ruisseau souterrain qui serpente sous la peau et enfle sans prévenir.

Un « je t’embrasse » envoyé et presque rien en retour. Un sourire, une ivresse.

Les méandres du désir sont mystérieux.

Ils te prennent à la lisière du sommeil, main en écrin autour de ton bas-ventre, dans ce moment interlope où concupiscence et inconscience deviennent noeud de vipères qui convulsent et tétanisent.

Ils te prennent quand les images floues s'incarnent derrière les paupières closes, quand les appels inavouables s’infiltrent entre tes lèvres disjointes, quand les ondes de chaleur palpitent dans le cerveau limbique en lascives circonvolutions.

C’est le carrousel noir des couleurs chaudes, des soupirs muets, des abandons désincarnés.

C'est le  désir qui ne connaît pas son nom, qui ignore encore qu’il est désir. C’est un ressac lourd, un corps tourmenté.

C’est la chair qui se réveille enfin, induration brulante sous un corps moite, éveil dans sa gangue d’envie.

C’est la torture douce de l’appétit, la convulsion lente, la combustion qui s’entretient maintenant d’elle-même.

C’est le souvenir qui fait la pute avec l’imaginaire, qui enfante dans d’impudiques caresses une étreinte moite, languide et savoureuse, une peau qui forme grain sous la paume, une nuque humide qui ploie sous la poigne, des cuisses qui s’entrouvrent sous l’envie.

C’est sa propre main qui retourne vers son sexe bandé, ce sont les doigts qui s’enroulent autour du gland palpitant, qui glissent et caressent en cherchant les replis et les creux, qui remontent aux narines poissés de l’odeur de désir, de chair.

C’est le cercle vicieux, l’appel au sexe nourri par le sexe, l’appel au sexe de l’autre par le sexe de soi, l’envie qui se boucle et se projette, l’idée du corps de l’autre avivée par l'inavouable parfum, c’est l'homme en bête affolée de son propre sang, c’est le musc impudique dont on maculerait le corps de l’autre, once par once de sa peau convoitée.

C’est le plaisir qui vient comme une délivrance et une souffrance, les reins qui se creusent et se cassent, l’esprit qui jouit en un maëlstrom pervers, le corps d'elle qui se déverse dans chaque pore comme du plomb fondu dans les plaies.

C’est le silence comme un drap froid, le cœur qui ralentit, le souffle qui s’extirpe de la bouche, l’entrejambe moite, le repos enfin, l’apaisement… le sommeil.

Les méandres du désir sont mystérieux.

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Commentaires
P
La nature de l'homme ...<br /> Tout y est !
L
(sourire, décidément Abs, je t'aime bien ! il y a si peu de contestation parfois dans les commentaires, je veux dire de contestation bienveillante, sourire - oui bon j'arrête de sourire bêtement, là).
A
C'est drôle, autant je suis souvent fan des textes ici, mais moins de celui-là. Je me dis : j'ai du rater qq chose :) ça m'énerve. Peut être parce que je trouve pas ça mystérieux, le désir, et surtout que je n'y vois pas de méandres (sauf des trucs super névrotiques archaïques qui feraient plutôt débander :)<br /> ou alors je n'ai rien compris, ce qui est tout à fait possible, voire probable !
V
Qu'ajouter...<br /> Sublîme, rarement lu un texte aussi envoûtant.<br /> Bises de papillon
Q
C'est un instant se mordre les lèvres et les laisser rouges. C'est un instant ouvrir les yeux, histoire de savoir si les images en surimpression sur le monde pourraient se fondre dans ton propre décor. C'est un instant passer le dos de la main sur le drap, et sentir le vide d'une présence encore bien trop absente. Et fermer les yeux.
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