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Mes mots random...
22 octobre 2008

Cities in dust

Ca y est.

Le capitalisme n'a pas vendu aux révolutionnaires Bolcheviques la corde pour le pendre, il se l'est vendue à lui-même.

Dans la salle de trading ce matin, l'ambiance était de la couleur des murs : livide. Je me souviens très bien qu'un néon clignotait nerveusement dans la troisième rangée en partant du fond, comme une paupière qui bat sous l'influence d'un tic nerveux.

A 9h30, le téléphone d'Amaury Albertini a sonné. Amaury a décroché, a écouté ce que son interlocuteur avait à lui dire sans broncher, puis a prononcé quelques mots en hochant de la tête et il a raccroché.

Quelques seconde après c'était le poste de Stéphane Blainville qui sonnait. Il a pris le combiné après une seconde d'hésitation, puis il a écouté lui aussi. Il a raccroché sans un mot, juste avec un petit ricanement en regardant droit devant lui.

C'est ensuite le téléphone de Dimitri Chazel, celui d'Yves Damblemont, celui de Nathanaël d'Orves, celui d'Emmanuel Erhardt, de Tristan Falguières, de Dove Goldfeld, d'Emilie Harcourt, de Yohann Kern qui ont sonné, et ainsi de suite en suivant l'ordre alphabétique.

J'ai poussé un soupir de soulagement. Ils venaient d'appeler Jérôme Wargny.

Chaque appel avait duré exactement le même temps, les mots avaient sans doute été exactement les mêmes, seule avait dû changer l'heure de la convocation à l'entretien préalable. La lettre recommandée avec accusé de réception suivrait.

Puis mon téléphone a sonné.

Ils avaient sauté mon nom sur la liste.

J'ai écouté à mon tour le discours déjà tout écrit et maintenant bien rôdé. La phrase de conclusion n'appelait pas de réponse, c'était une convocation. Il n'y eut pas un mot de regret, pas une parole de commisération, le type des R.H. à l'autre bout était aussi froid que nous l'étions nous-même quand nous vendions des matières premières en spéculant à la baisse sur les bourses Africaines.

J'ai reposé le combiné sur sa base.

Nous nous regardions les uns les autres par intermittence avec des regards sans intention. Les autres, ceux qui restaient, observaient une mouche imaginaire devant eux, ou leurs chaussures, ou bien leurs écrans où s'affichaient des graphiques verts et rouges qui pointaient vers le bas.

J'aurais aimé qu'on me dise quelque chose mais j'avais aussi une furieuse envie de foutre mon poing sur la gueule au premier qui oserait.

Je sentais le poids de mon corps enfoncé dans le fauteuil à roulettes devenu siège éjectable.

Une page se tournait. Et mon nom était sur cette page, imprimé en petits caractères.

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Commentaires
B
une justice!
M
@ Oxanne : Il y a les deux aspects dans ce texte, peut-être faut-il le lire sans être trop empathique, ni sympathique avec le supposé protagoniste...
O
c'est pour ma part un trait d'humour que ce récit, oui il m'a fait sourire à l'inverse de ceux qui l'ont trouvé sombre....Chacun voit midi à sa porte!
M
@ rsylvie : merci du compliment.
M
@ quisas-quisas : le temps s'rait plutôt aux hommes d'action...
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