30 mai 2008
Vertige de la page blanche
Je suis resté un
moment avant d'oser faire ce pas en avant.
Toutes ces pensées
en-dedans.
Je lui dirai ça, et
puis je partirai, et puis elle ne me reverrait jamais.
Ou alors... je me
contenterai de la regarder, jusqu'à ce qu'elle me demande ce que j'ai.
Oui, ça pourrait se
passer comme ça…
Mais tout de suite
ça ne servait à rien.
Alors j’ai marché
vers elle.
Ses cheveux blonds
coupés courts, ses yeux verts, ses cils ombrés de mascara.
J'ai retenu ma
respiration et j'ai... [Lire la suite]
27 mai 2008
Odeurs de sein tété
Ce qui m'avait tout de suite plu chez Rachel, c'était sa chambre individuelle.
En stage à Londres, je partageais un appartement crasseux et empestant le gaz avec Scott, un Australien sympathique dont la conversation était limitée à "bière" et à... à rien.
Dans la journée, je garnissais des rayons de barres chocolatées dans un Boots en me nourrissant partiellement sur le stock, tandis qu'elle travaillait au desk d'un hôtel Victorien qui avait connu des jours meilleurs.
Rachel et moi en vînmes à mélanger nos... [Lire la suite]
23 mai 2008
Rage
Tu
me demanderas, pourquoi cette mauvaise colère ? Je te dirai
que c’est peut-être pour de mauvaises raisons. Mais il y a ceci, qui
m’a fait traverser la grande ville aux muscles d’acier rouillé comme un
chien sombre grondant bas, donnant des coups de hanche comme des coups
de pieds, le buste bien droit. Une lame. Tu me demanderas, qu’est-ce
qui t’a rendu si tranchant pour que tu pourfendes ainsi les flots de
métal brillant ? Je te répondrai qu’elle avait envie
d'aimer un homme comme une rivière aime son rivage, doucement, en
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21 mai 2008
Petit meurtre entre amants
Elle a raison : si elle veut me faire bander, elle n'a rien d'autre à faire que m'embrasser.
C'est ainsi. Ses lèvres contre les miennes m'excitent plus que sa bouche autour de mon gland, que sa salive qui coule le long de ma hampe.
Je l'embrasse.
Je joue à effleurer sa bouche mais très vite je mords dans la pulpe tendre.
Je sens la chair renflée s'écraser doucement entre mes incisives, rouler un instant sous ma tenaille carnivore.
Je relâche lentement ma prise, juste assez pour... [Lire la suite]
17 mai 2008
Travail au black
Ce soir-là, je l'ai invitée à venir dans les bureaux.
Elle a dit " Good to see you ".
Elle a parlé.
Elle a écouté.
Après un moment, elle est venue s’asseoir sur la moquette, devant moi, jambes croisées en tailleur. Elle a levé ses yeux aux cils interminables et a écouté sans rien dire.
Le temps a passé lentement, je la regardais tout en parlant, boule de caoutchouc dur posée sur le sol, petite balle de squash.
Elle a finit par dire « Gotta go. »
Elle s’est levée.
J’ai saisi ses hanches, je me... [Lire la suite]
13 mai 2008
Orange automatique
Il a la Tissot
"Touch" au poignet.
La montre que je
trouvais belle il y a dix ans mais que je n’ai jamais achetée parce qu'elle est décidément trop voyante.
« Mon papa sait toujours le temps qu’il va faire » me trotte dans la tête.
Une autre raison
pour ne pas l’avoir achetée.
Lui, c’est
précisément cette pub qui passe à la télé qui lui en a donné envie. S'il n'y avait pas eu la pub à la télé, il aurait acheté une Breitling en rêvant d'une Rolex pour le jour où il sera promu Chef de... [Lire la suite]
09 mai 2008
Oreilles qui traînent
Il fait beau.
Dans ce petit bout de parc, les stagiaires de l’agence de pub d’à coté se retrouvent pour mastiquer ensemble leur sandwich à cinq euros et leur Coca Zéro tout en échangeant des considérations profondes sur la vie, la mort et la finale de la Nouvelle Star.
Il y a là un type à dreadlocks rouges portant treillis, Nike vintage et vieux clopo roulé à coté d'une jeune nana blonde à Converse, foulard et jeans’ griffé.
Lui : « Dis, heuu, Chloé, l’autocollant jaune que t’as sur le garde-boue de ton scoot’,... [Lire la suite]
06 mai 2008
Seulitudes
Posé à plat sur le dos. Le regard tourné vers un ciel imaginaire. Les paumes des mains ouvertes sur le drap. Le corps détendu, chaque vertèbre en paix.
Le temps qui passe.
Et puis. L’ envie de sa présence.
L’envie, juste, de sentir qu’elle est là.
L’envie de sentir que le matelas s’incurve sous son corps.
Non, pas le sentir. Le savoir, juste.
Envie de savoir juste qu’elle est là, que sa respiration est calme.
Envie de me tourner vers elle et de poser ma joue dans le creux de ses hanches.
Envie de poser mes... [Lire la suite]
02 mai 2008
Zik ta mère
Quand il est arrivé, ce petit con de stagiaire, j’ai su tout de suite que j’allais l’avoir dans le pif.
Avec sa gueule estampillée école de commerce, son petit costard cintré Agnès B (« t’as vu, comme Dionysos ! » ) et son tatouage tribal-ethnique-ta-mère qu’il montrait aux pétasses de la compta, j’ai compris que ça allait pas être possible entre lui et moi. Et vas-y que je te déroule des chiffres. Et vas-y que je te parle en parts de marché. Et vas-y que je te calcule des rotations sur les chaînes musicales du câble... [Lire la suite]