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Mes mots random...
9 juillet 2006

Glissements progressifs

C. n’est pas tout à fait belle. Elle l’a été.

Elle a gardé de ses jeunes années une chevelure et un port de tête préraphaélites.

Elle a appris de ses années de femme l’intelligence du cœur et la beauté du regard.

Je le vois avancer vers moi, son corps est joliment drapé d’une robe vert anis.

Je n’avais pas regretté.

Je n’avais pas non plus regretté la nuit qui avait suivi.

Avant que je lui avoue que je n’étais pas un homme « disponible ».

Avant qu’elle me réponde qu’elle ne serait jamais ma maîtresse.

Avant que je lui dise que je comprenais.

Avant qu’elle me rétorque que j’aurais quand même pu essayer de la faire changer d'avis...

Je n’avais pas essayé. Il y a des femmes faites pour être la femme de votre vie ou rien d'autre.

Je n’avais pas revu C. depuis trois ans, jusqu’à ce déjeuner dans ce restaurant espagnol, place du marché Saint Honoré.

E
lle est assise en face de moi, légèrement penchée en avant.

Nous parlons de son agence, des vins du nouveau monde.

Elle se demande si elle va partir vivre à New York ou à Shanghaï.

Nous parlons de ses amants, de ses rencontres sur M**tic.

Du fait qu’elle est toujours amoureuse de son ex-mari.

Elle hésite un peu, les yeux dans le vague…

- Et toi, tu es toujours…

- …Infidèle ?… 

- Oui. 

- Oui, toujours... Un peu plus, un peu moins, ça dépend. 

Elle me raconte sa nuit « pour essayer » avec cet amateur de domination qui lui avait craché dans la bouche et tiré les cheveux, et combien elle s'était retenu de rire avant de le mettre à la porte…

- C’est pas ton truc, à toi, la domination.

- Non, tu le sais bien… 

- Oui, toi tu es tout le contraire de ça, tu es… tellement doux...

Elle hésite un moment, me regarde dans les yeux sans ciller.

- Tu sais, tu as été un de mes tout meilleurs... tu sais ?

- Merci…

- C’était…vraiment bien.

- Moi aussi tu sais, j’en garde un agréable souvenir…

Elle me fixe encore un moment, son corps a un léger balancement …

- Tu viendrais à la maison, un soir ?

- … J’aimerais bien, oui.

- La semaine prochaine ?

- La semaine prochaine.

Je la raccompagne sur une centaine de mètres. Nous échangeons une bise, puis elle m’embrasse doucement sur la bouche.

Je te vois la semaine prochaine, me dit-elle.

Et ce n’est pas une question.

Je me rappelle de cette soirée chez elle où elle m’avait demandé si je voulais voir ses seins. J'avais dit oui.

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