Chaud

Dans ta bouche tu sens le goût de la cigarette et du café. Mais tu ne fumes pas et tu n’as pas bu de café.

Tu passes la main sur tes flancs, ils sont poisseux. Le contact de ta propre peau te répugne.

Silence.

L’air est épais dans tes poumons, il est épais dans la chambre, il est posé sur ton corps comme un gros chat angora. Tu as mal aux épaules et pourtant cette pensée te fait du bien.

Ta langue est collée à ton palais.

Le parquet craque, tu vas vers la cuisine en te râpant aux murs. Le blanc du frigo te cogne au fond des yeux. Dans ta main la bouteille est glissante de condensation. Tu la poses sur ton front, tes tempes, ta nuque. La première gorgée est une douleur dans ta gorge gonflée.

Tu sens ton œsophage se contracter sous le froid, tu sens l’eau glacée tapisser l’intérieur de ton corps.

Dehors, la piscine est un rectangle noir. Tu t’accroupis. La pierre est rugueuse sous tes pieds.

Tu descends dans l’eau en appui sur les bras pour ne réveiller personne.

La fraîcheur sur ton corps nu.

Ne pas vouloir remonter là-haut.

Dormir, là.

Se noyer, peut-être.

Dans l’eau si fraîche.