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Mes mots random...
29 juillet 2008

Casanova pas.

Ce jour-là, dans le métro, l'homme est détendu. Il est même serein -et la chose est suffisamment rare pour être soulignée.

Il se trouve même séduisant, c'est dire.

Ce jour-là, l’homme a une petite lueur coquine dans l’œil, et justement sur une banquette voisine crépitent deux feux follets. Deux jolies brunettes prêtes à croquer Paris qu’elles découvrent.

Elles rient d’être simplement là, même dans le métro crasseux et étouffant, même entourées de gens pour qui le quotidien a la même couleur que le jadis. Les lumières de la ville-lumière flambent dans leurs yeux.

L’homme leur adresse un petit sourire complice qu’elles ne lui rendent pas. Mais elles ont les lèvres qui plissent aux commissures, la voix qui soudain est un peu plus aigüe et le regard qui coule furtivement dans sa direction.

Au fil des stations, les regards s’aiguillent et s’aiguillonnent, se parlent à silences suggérés.
A l'arrêt suivant, elles regardent
franchement l’homme dans les yeux et se lèvent. L’homme hésite un quart de seconde, les regarde, et se lève aussi - on ne vit qu'une fois.

La sortie de la station de métro est un grand escalier, l'homme gravit les marches derrière elles, les deux filles s'assurent par-dessus leur épaule qu'il est bien là. L’homme se rapproche pour ciseler une première phrase légère et joyeuse, un sésame de formalité qui lui fera les accompagner dans leur soirée et peut-être dans leur nuit...

Sa Converse gauche dérape sur une marche dans un couinement qui fait se retourner la moitié des têtes.

L'homme s’est rattrapé à la rambarde. Il se redresse comme si on lui avait botté les fesses et s’élance, le visage empourpré, vers le haut de l’escalier pour rattraper les deux filles.

Trois marches plus haut, il s’étale. Pas à moitié, non, mais de tout son long. Dans ses paumes s’incrustent des dizaines de gravillons. Ou bien du verre pilé, pilé comme ses espoirs de luxure nocturne et plurielle.

Il a un regard de bête blessée tandis qu'il imagine le reflet de son ridicule dans les yeux des deux filles.

Mortifié, l'homme détale sans regarder derrière lui.

A présent l’homme est immobile, sur un autre quai. Pour un peu il se jetterait sous le métro. Mais tel que c'est parti, il se dit qu'il serait encore foutu de se prendre les pieds dans les lacets et, en guise de saut de l'ange, de tomber sur les rails en vrac en battant grotesquement des bras.

Et on a sa fierté, merde.

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Commentaires
K
Des Converse. C'est ça oui.<br /> Vous savez porter des Croc's c'est pas une honte si on assume.<br /> Rose bonbon? Ah quand même.
E
Oui, ceux qui sont allés au cinéma sauront peut-être parce que moi, aucune idée !
M
@ Katja : Des Converse, j'ai dit ! Des Converse (bon cela dit, sous la pluie les Converse c'est des vraies savonnettes, tandis que les Croc's, ça flotte...)
M
@ Emeline : Oui, ma vie est une grande comédie musicale, vous savez ? (bande-son : "Hello Dolly" - ceux qui sont allés au cinéma récemment sauront peut-être de quoi je parle...)
M
@ L'ombre : Ouais, on dit ça... n'empêche que les filles, à l'école, elles tombaient toujours dans les bras des forts en gueule et des gros durs, jamais dans ceux du timide que j'étais.
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