La vie quand même
Dans le samedi des excités en bagnoles rageuses, le coup de téléphone de gens aimés. Les vibrations du scooter dans la douceur de l’air à peine estival, les tours de la Défense laissées sur la gauche. Les embrassades et les accolades peau sur peau. Les ploufs dans l’eau bleutée, malgré les frissons et la chair de poule. La trace des avions du Bourget dans les lumières de cuivre du couchant. Les cris des enfants de toutes les couleurs. L’or brillant du Meursault et du Côtes de Bergerac moelleux dans les verres à pied. Le soleil qui s'accroche au toit de la grande maison. La somnolence dans les rires réverbérés par la courbe du patio. La paille tressée des meubles de jardin sous les doigts. Le sourire de la maîtresse de ces lieux, ses seins à peine couverts par un haut vert anis sur sa peau noire. La salade de pâtes avec le saumon mariné et les citrons confits. La petite Jeanne posant sa tête sur mes genoux. Le vin rosé. La douceur de l’air à peine assagie par la nuit. Les torches allumées. Les corps fatigués. Le gâteau aux noisettes et au caramel. Les embrassades, les promesses. Le retour, la lune presque pleine au-dessus de la Seine. Les ponts. Les quais. L’air sur le visage. Le sourire. La nuit.