L'odeur de la foudre

Le ciel est devenu jaune safran, puis jaune soufre. Puis noir. L’air a crépité, l’ozone a dégagé son odeur piquante. Le bruit a déferlé dans la seconde, d’une force incroyable, tonnerre libérateur d’une nature rageuse. Les nuages ont crevé comme un jet de sperme qui éclate hors du méat urinaire. Les éclairs ont zébré le ciel comme une ceinture qui cingle les seins gonflés de la femme qu'on aime. Le bruit a roulé comme un cul que l’on fend. L’orage a éclaté et a inondé la ville. Le bitume s’est mis à charrier des masses d’eau grise que les canalisations étaient incapables d’évacuer. L’air même était devenu liquide. Les voitures passaient et soulevaient des tempêtes sale, des murailles de bruit chuintant. La pluie a trempé mon corps et noyé mes yeux. La pluie a collé ma chemise à ma poitrine, a ruisselé dans l’encolure de coton blanc et a sinué jusqu’entre mes cuisses, aussi froide que son urine était brûlante quand elle se déversait sur mon ventre, quand elle a pissé sur moi comme un animal imprègne les limites de son territoire. Et quand les nuages ont éclaté en dizaines d’éclats aveuglants, l’orage a tout emporté dans un stress de bête, dans la peur de mourir foudroyé sous un arbre ou un réverbère.

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Sur le plancher de bois blond de l’appartement sombre et silencieux, des gouttes ont suivi mes pas jusqu’à la salle de bains. Mon corps trempé, vaincu par ce coup de grâce de la nature a soudainement, subitement et violemment abdiqué. Son amour, son désir se sont frayé un chemin sous ma peau jusqu'au moindre de mes muscles et je me suis retrouvé nu tel un Christ entouré de mes vêtements alourdis de pluie, incapable ne serait-ce que de bouger. J'ai laissé mon corps interdit, la bite toujours gonflée de son souvenir. Fesses douloureuses comme d'avoir trop couru. Bras lourds comme d'avoir trop soulevé. Corps moulu, rompu, vidé. Abandonné au désir d'elle. Laminé par le sentiment qui me submergeait en vagues serrées. Remué. Heureux.

En amour.

Comments

[belami]

superbe, superbe, superbe