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26 février 2007

Jour de fête

Le mur est noir. Mat.

Dans le mur, un rectangle blanc, haut et étroit. 

Quelques lettres tracées en caractères hauts. 

Tout autour l’air bruisse légèrement, la lumière blanche dessine les couches de fond de teint sur les peaux. 

On se sourit comme on sourit quand on appartient au même monde. 

Quelques cliquetis s’élèvent dans l’air conditionné comme des poussières dans la lumière d’été. 

Un bruissement monte du tapis que l’on déshabille de son voile plastique. 

La lumière baisse.

Le rectangle blanc palpite dans l’obscurité, une silhouette s’y profile en noir. 

La musique éclate en petit fragments et la première fille avance sur le runway de cette démarche étrange, buste en arrière, pieds lancés en avant comme si ses chaussures avancaient plus vite qu’elle. 

Les photographes font crépiter les flashes, la fille s’arrête devant eux, pose les mains sur ses hanches, repart vers l’entrée. 

Ses jambes sont interminables. Son corps se plie, ses joues tendues sur les pommettes tremblent à chaque pas martelé sur ses talons hauts. 

Elle disparaît dans la lumière du rectangle blanc. 

La deuxième fille apparaît, elle est blonde, grande, très jolie. Elle doit avoir quatorze ans. 

De la même démarche de sauterelle chaussée de bottes de sept lieues, elle avance. 

Son dos-nu laisse voir chaque vertèbre, nettement. 

Elle avance et ses bras sont du même diamètre que ses poignets. 

Elle arrive face aux photographes, fait volte-face, repart et disparaît. 

La troisième fille est plus maigre. 

Elle doit avoir dix-sept ans, peut-être seize mais ses traits tirés la font paraître plus âgée. 

Ses yeux brillant d'un éclat trouble sont enfoncés dans leurs orbites, ses lèvres sont tellement fines sous son nez busqué qu’on les voit à peine. 

Son teint est livide même sous l’épaisse couche de maquillage. 

Elle sait qu’elle ne sera jamais top-model, elle sait qu’elle n’est pas la plus belle. Mais elle espère peut-être qu’elle sera la plus mince. 

Elle marche vers le rectangle blanc qui va la ramener backstage et son visage évoque davantage la souffrance que la beauté. 

Je pense en l'obervant à ces deux mannequins uruguayenne et brésilienne mortes l'an dernier à trois mois d'intervalle. L'une d'elles pesait moins de 40 kilos. 

Je songe que Madrid, Milan et Londres ont interdit aux mannequins en-dessous d'un certain indice de masse corporelle de défiler, mais que Paris et New-York font toujours la sourde oreille. 

Je ferme les yeux avant l’arrivée de la quatrième fille. 

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