Mutiques...
Il y a cette présence derrière la porte qu’on entend à pas feutrés, dans un froissement de tissus ou un craquement de parquet.
Il y a ces sonneries de téléphone et cette voix qui répond calme et posée.
Il y a la porte et le mur, et elle et moi de l'autre coté.
Il y a cette robe noire ajustée sous laquelle il n’y a rien d'autre que sa peau.
Il y a son sourire et ses longs cils assortis.
Il y a le rapprochement animal de nos corps, par touches, par flairements, par coups de langue.
Il y a mes paumes qu'elle lèche comme des plaques de sel.
Il y a cette migration des zones érogènes, cet air oxydé aspiré à la bouche de l’autre et qui saoûle.
Il y a sa dévoration lente entre mes cuisses, joues caressées contre mes bourses, chevelure de jais soyeuse contre mon anus. Temps infini.
Il y a ma langue qui la sillonne depuis le clitoris jusqu’aux lombaires.
Il y a mon sexe enfoncé tel une matraque dans son ventre. Et retiré. Et remis.
Il y a mes mains cramponnées à son dos rougi.
Il y a mes doigts au fond d’elle, concave au point de pouvoir y enfoncer la main.
Il y a le silence absolu dans lequel s’opère cette chorégraphie muette et clandestine.
« Un jour il faudra que vous veniez et que nous fassions l’amour en criant », dit-elle.
Oui. Et même qu'on ouvrira grand les fenêtres.